Difficile chemin que celui du Carême où Dieu s’offre au désert
pour naître à nos désirs.
Difficile mais féconde joie du masque qu’on arrache, du
paraître qu’on tait, des ambitions laissées et de l’espace offert, enfin, au
murmure d’une Parole qui, au cœur de notre cœur, vient refaire sa demeure.
Difficile chemin ?
Non, car « ce n’est pas le
chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est chemin »,
écrivait la philosophe Simone Weil.
Jésus lui-même ne s’y est pas trompé : il faut vivre
l’arrachement du désert pour retrouver la joie des montées vers Pâques.
Renoncer aux royaumes factices, aux pouvoirs superbes.
Tomber de sa hauteur, rouler dans la poussière, pour que
l’œil se décille et que la lumière trouve notre regard étonné, comme elle
trouva les yeux de Paul au chemin de Damas.
Carême, temps fécond du regard porté sur l’horizon pierreux
de nos propres déserts. Tant de mains furent tendues que nous n’avons pas vues.
Tant de fuites, de paresses et de peurs qui, tant de fois,
nous ont fait, après Pierre, choisir le tragique abandon : « Non, je ne connais pas cet
homme ! »
Cet homme pourtant venu de Dieu nous révéler de Qui nous
sommes et vers Qui nous allons.
Carême, temps béni de rude dépouillement où, rentrant en
nous-mêmes pour mieux sortir au monde, nous y trouverons un Autre, plus
nous-mêmes que nous-mêmes…
Carême, temps béni de notre retour vers Dieu.
« Dieu, écrit
le poète Patrice de la Tour du Pin, qui
d’un homme assis fais lever un nomade, l’attire par l’intime en des lieux
écartés et le dévêts de tout, sauf de sa nudité. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire