Voici que mercredi s’ouvre la porte des
« Cendres » qui nous mettra en marche sur le sentier du Carême, en
route vers le grand feu de la grande nuit pascale.
Voici qu’il nous faut à nouveau aller résolument – quarante
jours, quarante nuits – comme le firent les Hébreux au désert pendant quarante
années – vers ce lieu oublié où nous avons à réapprendre la soif d’avoir soif
et la faim d’avoir faim. Entendre resurgir à nos lèvres le cri du
psalmiste : « Je te cherche dès
l’aube : mon âme a soif de Toi. »
Lorsqu’il évoque le Carême, saint Bernard ne formule qu’un
vœu pour ses moines : qu’ils retrouvent « la joie du désir spirituel ». Ce désir que nous avons si
souvent laissé tarir… Mais ce serait foncer
dans une impasse que de laisser s’embourber nôtre Carême dans les ornières
d’une culpabilité stérile.
Saint Benoît a raison : le Carême est bien ce temps du
désir où ce n’est pas la cendre de la mort qu’il nous faut porter au front,
mais la joie. Joie de l’élagage, joie du dépouillement, joie du re-centrement
sur la Source même de la Joie.
Dans la Bible, les chiffres ont souvent une dimension
symbolique. Il faut 40 ans aux Hébreux pour atteindre la Terre promise, le
Christ passe 40 jours au désert. Et il faut à peu près 40 semaines à une femme
pour mettre un enfant au monde !
Oui, le Carême qui s’ouvre est un bienheureux temps de
gestation où Dieu va nous porter en son cœur pour mieux nous mettre au
monde !
« Dieu, écrit le poète Patrice de la Tour du Pin, qui d’un homme assis fais lever un nomade,
l’attire par l’intime en des lieux écartés et le dévêt de tout, sauf de sa
nudité ».