17.12.08

Méditation sur le 3ème Dimanche de l'Avent

Réapprendre l’attente…

« Le peuple était en attente… » L’évangéliste Luc insiste : impatients, les juifs espèrent la venue rapide d’un libérateur qui les délivrera de l’envahisseur romain. Certains veulent voir en Jean, surnommé « Le Baptiste », ce chef de la résistance tant attendu. Mais lui les détrompe : il n’est pas le Messie annoncé par les prophètes, juste un « précurseur » qui vient « préparer les chemins du Seigneur ».
Son rôle ? Annoncer un sauveur qui ne correspondra pas forcément aux attentes immédiates du peuple, préparer les cœurs à la venue, non pas d’un chef de guerre, mais d’un Christ pour qui la libération urgente est d’abord de nature spirituelle.
Une invitation qui vaut pour nous aujourd’hui. Dans notre vie quotidienne moderne, nous sommes de plus en plus habitués à obtenir immédiatement des réponses à nos attentes. C’est le règne du « tout, tout de suite », du « 48h chrono » ! Nos correspondants doivent impérativement nous répondre à la seconde via leur téléphone portable… Prenons garde que ce culte moderne de l’immédiateté ne déteigne sur notre vie de foi : la vie spirituelle, en effet, n’est pas une sorte de « fast food » où Dieu répondrait immédiatement, et comme nous le voulons, à nos désirs. A l’image de Marie, faisons de l’Avent une école de l’attente et de l’abandon entre les mains du Très Haut… Laissons le Seigneur venir naître en nous, non pas selon nos projets, mais à Son rythme et selon Son désir…

La citation du jour...

La joie,
qui peut demeurer toute légère,
est le fruit de l'Esprit en
nous.
La joie s'émerveille.
Elle donne de découvrir
des éveils
poétiques
en chaque saison,
aux jours de pleine lumière
comme dans les
nuits glacées de l'hiver...


Frère Roger, de Taizé

En marche vers Noël



Avent,
patiente marche vers l’éveil…



« Homme, éveille-toi : pour toi, Dieu s’est fait homme. Réveille-toi, ô toi qui dors… »
Dans un vibrant sermon de Noël, Saint Augustin invite son auditoire à sortir du sommeil. La vie chrétienne, en effet, est une longue et patiente marche vers l’éveil. C’est de nuit que l’enfant de la Promesse offre son premier souffle à l’ humanité. C’est au cours d’une mauvaise « nuit » de plein jour que, sur la croix, le Christ aux outrages rend son dernier souffle. Entre l’aube de la nativité et l’aurore du matin Pâques, une vie est à mener sur des sentiers de clair-obscur.
Quelques éblouissements peut-être, une bonne brassée de doute sûrement, et un patient dialogue, sans cesse à reprendre, avec l’Eternel : voici l’humaine traversée spirituelle qui s’offre à tant et tant de chercheurs de Dieu. « La foi ? C’est vingt-quatre heures de doute moins une minute d’espérance » écrivait Bernanos.
L’Avent qui s’offre à nous est ce temps béni où il nous faut mettre au monde - souvent malgré le monde - , cette toute petite minute d’espérance. Car c’est la nuit qu’il est bel et bon de croire à la lumière.
L’Avent a le tranchant du ciseau à bois qui vient nous creuser l’âme pour en faire un berceau.
L’Avent donne soudain à l’attente ce doux goût de miel de la naissance annoncée.
Voici l’Avent qui vient, sans crier gare, bousculer notre temps, secouer nos torpeurs, tenter, vaille que vaille, de nous remettre en marche sous l’éclat d’une étoile.
Voici que déjà se profile la grande nuit de Noël, « l’immense nuit des origines » où Dieu, descendu de son ciel, vient, à raz de terre, dans une mauvaise étable, prendre chair et respirer du souffle d’un nourrisson fragile.
Voici la grande nuit qui, de son incomparable éclat, va chasser toutes nos obscurités. Lumineuse nuit de l’incarnation, de la « mise en chair » du Fils de l’homme qui, sous nos yeux ébahis, « s’envisage », prend mystérieusement figure humaine, devient « sainte face » pour, au plus près, au plus vrai, poser son regard de tendresse sur nos failles et toutes nos misérables « pailles »…
Vertigineuse minute où, dans le corps et le cœur d’une femme, l’Espérance prend naissance. Marie prend sur son sein son tout-petit mais c’est Dieu le « Tout-aimant » qui prend l’humanité dans ses bras !
Cette douce nuit de Noël, effraction de l’Esprit dans nos horizontalités embourbées, il nous faut la préparer. Oh, il ne s’agit pas de se lancer dans une activité fébrile, serait-elle « spirituelle », mais bien plutôt de se « laisser faire », de laisser l’Esprit nous indiquer le sens de notre existence en nous murmurant à l’oreille : « Que fais-tu de ta vie ? ».
Noël sera Noël si chacune et chacun, nous osons enfin prendre le temps de l’agenouillement devant le Fils, la Fille de Dieu qui, en nous, tente de naître.
Noël sera Noël s’il y a en notre étable intérieure un peu de place pour que vienne y accoucher la divine Espérance.