7.5.11

L'athlète de Dieu

La mort de Jean-Paul II suscita un forte émotion internationale bien au-delà du « périmètre » de la seule Eglise catholique. Sa béatification fut, le week-end dernier, aussi un événement de grande ampleur. Rarement un homme aura autant marqué de son empreinte l’époque qu’il a traversé, à grandes enjambées prophétique, tel un « athlète de Dieu ». Le Pape venu de l’Est aura d’abord été un inlassable combattant des droits de l’homme : à tous les points du globe, il n’a jamais hésité à empoigner fermement les micros pour clamer qu’aucun système ne mérite qu’on lui sacrifie l’homme. Ni le communisme qu’il aura affronté avec détermination jusqu’à l’écroulement du mur de Berlin ; ni le consumérisme libéral qui étouffe l’humanité dans les filets de son matérialisme et dont Jean-Paul II aura, jusqu’à la fin, dénoncé la « culture de mort ».
Carol Wojtyla aura ainsi incarné hautement la figure d’un croyant qui, parce qu’il est disciple du Christ, ne se désintéresse pas de la société des hommes mais au contraire en fait le lieu même de la Révélation. Si « croire, c’est agir », Jean-Paul II aura su faire de l’action en faveur de l’homme – au travers de ses voyages, de ses discours, de ses rencontres – une véritable « théophanie ».
Dans l’Eglise, ce Pape aura su également faire souffler un vent spirituel nouveau : face à la montée de l’indifférence religieuse dans les pays occidentaux, au vieillissement des communautés chrétiennes confrontées à la baisse des « vocations », il aura su lancer un vibrant « N’ayez pas peur ! », invitant notamment les laïcs à s’engager. Réaffirmant, contre vents et marrées, le cœur de la foi au Christ, se faisant chaque jour davantage homme de prière, véritable « orant planétaire »...
Jean-Paul II fut aussi certainement le premier « Pape des jeunes ». Il inventera les JMJ : journées mondiales d’une jeunesse heureuse d’incarner une foi « moderne », à l’aise dans les « baskets » de la société contemporaine.
Il faudra encore du temps pour mesurer l’empreinte de géant qu’aura laisser Jean-Paul II dans le monde et dans le catholicisme. Cette béatification est une étape féconde.