5.1.09

Tenter d'y voir clair...

« Qu’est-ce donc qu’un idéal ? »

Souvent, la fin de l’année nous prend par surprise : 2009 ? Fichtre ! Déjà ?
Et cet étrange sentiment que 2008 nous a littéralement filé entre les doigts !
Toutes et tous, nous vivons avec cette conscience vive d’être inexorablement embarqués sur le grand fleuve du temps. « Nous sommes, un court instant, plongés dans le temps et déjà s’annonce la fin… Quel mystère ! Le temps est la grande énigme de notre existence », m'a confié Jean d’Ormesson lors d'une conversation chaleureuse chez lui, avant Noël.
Paradoxalement, pour calmer un peu la fougue du « cheval-temps » qui piaffe de nous mener, à bride à battue, vers le rebord de notre histoire, il n’est pas inutile de nous retourner – un peu, un peu seulement, car la nostalgie est souvent mauvaise compagne ! – sur le temps écoulé, révolu, ce temps passé dont nous sommes tissés, ce temps d’hier et d’avant hier qui nous a fait ce que nous sommes, et qui nous fera – pour une part – ce que nous deviendrons…
Nous sommes, en effet, le fruit de notre propre histoire. Notre identité s’est forgé, nourrie de ce que nous avons vécu… Nos joies et nos larmes d’hier, nos combats et nos échecs, nos amours et nos désamours, nos bonheurs et nos blessures, les milles et unes rencontres de notre histoire sont la sève qui a fait de nous les arbres que nous sommes dans la haute futaie du temps…
Faire mémoire – en cette période de fin (ou de début !) d’année - du parcours accompli, non pas pour l’ensevelir sous les regrets, mais pour simplement accueillir ce passé tel qu’il est. Lui donner le pardon qu’il attend, panser ses blessures, recoudre ce qu’il y a à recoudre dans la rugueuse toile des jours, lui dire aussi notre reconnaissance pour y puiser les forces de l’avenir.
Faire mémoire de cette année que nous avons tenté de vivre, plus ou moins fidèles à ce qu’on appelait autrefois – mais pourquoi donc ce mot a-t-il été gommé de notre vocabulaire ! – un « idéal ».
Qu’est-ce donc qu’un « idéal » ? Une petite lueur, comme une étoile, qui, toutes affaires cessante, nous pousse, comme les trois « voyageurs » de l’Evangile, à sortir de nous-même, à prendre nuitamment la route dans les obscurités de nos vies, pour aller tenter d’y voir clair.
Oui, « tenter d’y voir clair », en nous, en cette vie, en ce monde.
Tenter d’y voir clair dans l’insondable et bienheureux mystère de se savoir vivant.
Tenter d’y voir clair dans cette vie d’homme ou de femme que nous avons à vivre, contre vents et chagrins.
Tenter d’y voir clair pour offrir un peu de clarté à tant de pénombres en ce monde.
Tenter d’y voir clair ? C’est tout le bonheur que je vous souhaite, amis lecteurs, pour 2009 !
Ensemble, essayons de faire de chaque jour, chaque semaine, chaque mois, de cette nouvelle année, un sentier de clarté. En nous et autour de nous…
Osons cette mise en route, cette « sortie de soi » qui, un soir peut-être, sur le bord du chemin, nous fera nous agenouiller enfin, fourbus mais heureux, devant la divine clarté, mystérieuse épiphanie de l’éternité dans la fugacité du temps…

Epiphanie....

Saisissant agenouillement…

Malgré sa puissance, Hérode s’inquiète : lorsque les mages venus d’Orient – sans doutes de Babylone ou de Perse – atteignent Jérusalem, ils cherchent le « roi des juifs qui vient de naître ». Hérode sait que les juifs attendent toujours un « roi » selon leur cœur et leur foi, non pas un puissant qui (comme lui) ne pense qu’à s’enrichir et à « collaborer » avec l’occupant romain, mais un chef désintéressé qui, au nom du Très Haut, instaurera le bonheur et la paix. La vieille promesse révélée par le prophète Natan au jeune roi David vers l’an 1.000 avant J.C. est dans toute les mémoires : la dynastie de David régnera sur Jérusalem à tout jamais. Or, Hérode n’est pas un descendant de David, il n’est même pas né à Bethléem. Il craint donc la rumeur selon laquelle un enfant, lointain descendant de David, vient de voir le jour à Bethléem ; et déjà, il fomente le projet de l’éliminer.
Dès le premier souffle de Jésus, les forces du mal sont à l’œuvre. Parmi les trois cadeaux offerts par les astrologues, la myrrhe annonce déjà la Passion : cette résine aromatique, fournie par le balsamier, servait en effet à … embaumer les morts ! Dans cette scène saisissante de l’agenouillement des mages devant l’enfant, la symbolique se met en place : en offrant l’or, ces voyageurs « païens » vénèrent la royauté ; en faisant brûler l’encens qui monte vers le ciel, ils s’inclinent devant la divinité ; et en présentant la myrrhe, ils annoncent déjà que cette divine royauté sera bafouée, transpercée, crucifiée par la folie des hommes…
Ce combat entre la nuit et la lumière, se rejoue à chaque instant en nous : laisserons-nous naître et respirer en notre coeur l’enfant de la promesse, ou bien aurons-nous peur pour notre « royaume », notre puissance, notre confort ?