Méditation pour le 5ème Dimanche de Carême (Année A - 29 mars 2020)
Non prononcée en raison du confinement...
Non prononcée en raison du confinement...
Avec l’épisode de la
« résurrection » de Lazare, voici que la liturgie de ce 5ème
dimanche de Carême nous fait comme un clin d’œil en ce temps de confinement et
de crise sanitaire !
Lazare est un ami,
un proche de Jésus. Il est tombé malade – l’histoire ne dit pas quel méchant
virus l’a terrassé…
Son amitié avec le
Christ ne l’a donc pas protégé ?
Mais qui est-il donc
ce Dieu prétendument «s tout puissant » qui laisse souffrir et mourir
ses amis, sans, apparemment, lever le petit doigt ? !!!
Cette question,
avouons-le, est parfois la nôtre. Peut-être plus vive encore en ce moment où la
maladie virale touche de plus en plus de monde autour de nous…
Oui,
reconnaissons-le : notre foi est secouée par tant de mauvaises nouvelles,
peut-être même prise de doute…
Nous pourrions, à
première vue, devant l’incroyable « réanimation » de Lazare n’y voir
qu’un acte extra-ordinaire, surnaturel, irrationnel…
Nous rêvons si
souvent d’un « Dieu magicien » qui pourrait nous dispenser de vivre
notre condition humaine dans ce qu’elle a inévitablement de fragile, de
dramatique et de mortel.
Mais si nous lisons
bien notre texte, Jésus ne « réssuscite » pas Lazare au sens où il le
sortirait définitivement de sa condition humaine mortelle. Lazare va, après
quelques années, vieillir et finir par mourir, comme vous et moi.
Au-delà du geste
« merveilleux » et, à proprement parler « incroyable » qu’il
pose, Jésus cherche à nous dire quelques
vérités essentielles.
Permettez-moi d’en
retenir au moins deux :
PREMIER MESSAGE :
La parole de Jésus peut, comme Lazare, nous « réanimer », nous « réveiller »,
nous « sortir » de toutes les formes de mort dans lesquelles nous
pouvons être enfermés. Et plus particulièrement de cette inquiétude bien
compréhensible qui est actuellement la nôtre face au Covid-19.
Voici que la Parole
de Dieu peut nous aider à rouler la pierre du tombeau de nos peurs. Non pas en
espérant un acte « magique » qui ferait disparaître la pandémie d'un claquement de doigt divin mais
en risquant la confiance « malgré tout » en un Dieu qui, malgré le
mal, la souffrance et la mort, reste proche de chacune et de chacun de
nous.
Oui, chers amis,
malgré l’enfermement actuel indispensable dans lequel nous sommes pour cause de
pandémie, nous avons à « sortir » vers Jésus, c’est à dire à croire
en sa Parole qui nous invite, malgré la nuit qui nous entoure, à ouvrir les
yeux sur la lumière promise de Pâques…
SECONDE MESSAGE :
ce qui me frappe et me touche, dans
l’histoire de Lazare, ce sont les larmes de Jésus. Voici que, paradoxalement,
ces larmes du Christ me réjouissent profondément !
Car voici un Dieu
qui ne regarde pas la souffrance humaine de façon indifférente et hautaine du
haut du grand balcon du ciel, mais qui accepte de la partager.
Dietrich Bonhoeffer,
un pasteur protestant assassiné par Hitler en 1945 a eu ce mot superbe :
« Dieu est impuissant et faible dans le monde, et ainsi seulement il est avec nous et nous aide… »
« Dieu est impuissant et faible dans le monde, et ainsi seulement il est avec nous et nous aide… »
Dieu ne peut en
effet se trouver qu’au cœur de la souffrance humaine. Soyons assurés qu’il est
là, sur ce lit d’hôpital, à lutter au plus proche de chaque malade, à tenter, lui aussi, de retrouver son souffle… Présent partout
où l’homme crie sa souffrance.
J’aime cette belle
sentence biblique de Ben Sirac le Sage :
« Les larmes de la veuve coulent sur la joue même de Dieu ».
Oui, toutes nos
souffrances, soyons-en persuadés, coulent sur la joue même de Dieu.
Écoutons le Christ qui
nous dit, comme à Lazare, et malgré ce confinement qu’il nous faut absolument
respecter : « N’aie pas peur ! Sors et viens dehors ! »
Oui, sors de toi-même et de tes peurs.
Oui, sors de toi-même et de tes peurs.
Rejoins, même si c'est en marchant dans la "nuit obscure", la terre
promise de l’Espérance…
© Bertrand
Révillion
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