Méditation pour le Dimanche 8 février 2015
(5ème Dimanche du Temps Ordinaire - Année B)
(5ème Dimanche du Temps Ordinaire - Année B)
Les lectures de ce dimanche nous parlent
beaucoup de guérison.
Dans notre
première lecture, le pauvre Job n’a pas vraiment la forme.
Il a,
dirait-on aujourd’hui, un sérieux coup de blues,
il nous fait
même une sacrée déprime.
« La vie d’un homme sur cette terre est
une corvée »,
« Je suis envahi de cauchemars jusqu’à
l’aube »,
« Mes yeux ne verront plus le
bonheur ».
Aie, aie,
aie ! La boîte de « Prozac » n’est pas loin !
Quant à
notre évangile, il sent carrément l’hôpital !
La belle
mère de Simon est terrassée par une fièvre de cheval, mal foutue, souffreteuse,
KO sous sa couette !
Et dans Capharnaüm,
on ne compte plus les estropiés du corps
et de l’âme qui espèrent une consultation gratuite auprès du bon docteur
Jésus !
Et il nous
est dit que le Christ va, auprès d’un certain nombre de ces personnes, poser un
geste de guérison.
Alors,
Frères et Sœurs, nous pouvons, ce matin, nous interroger :
Quels liens
y a-t-il entre foi et guérison ?
Nous pouvons
nous poser au moins 3 questions :
- De quelle
guérison s’agit-il ?
- Où Jésus
puise-t-il la force de guérir ?
- Quel est le
véritable objectif de la guérison ?
A l’époque,
la frontière est, vous le savez, assez floue entre le physique et le mental,
entre le corps et l’âme.
Les maladies
sont souvent perçues, dans une culture où le religieux imprègne tout, comme les
symptômes d’une « maladie » de l’âme, comme les signes d’une rupture
du lien avec Dieu.
Face à la
maladie, le peuple attend que les hommes de Dieu se fassent thaumaturges,
guérisseurs, libérateurs, exorcistes…
Si on demande
à Jésus de chasser les esprits mauvais, c’est parce qu’on pense que le malade
est un « possédé », autrement dit un être qui ne s’appartient plus,
qui est envahi de forces obscures, un être « divisé ». Diabolos, en
grec, veut d’ailleurs dire « diviseur ».
A chaque
fois, Jésus tente de modifier les mentalités, de sortir ses interlocuteurs de
cette vision archaïque de la maladie.
S’il accepte
parfois de guérir les corps et les esprits, il se soucie d’abord de guérir les
cœurs.
La guérison
qu’il propose est d’abord intérieure, spirituelle.
Alors, avec
lui, nous pouvons nous interroger :
Qu’est-ce
qui en nous a besoin d’être « guéri » pour que nous mettions enfin l’amour
au cœur de nos vies ?
De quelles
« possessions » (matérielles, psychiques, affectives, sociales) devons-nous
nous défaire ?
De quels
aveuglements et surdités devons-nous nous libérer pour écouter en nous le désir
de Dieu ?
L’évangile
nous dit que « bien avant l’aube, Jésus se leva et alla dans un endroit
désert où il priait ».
C’est dans
son lien personnel avec son Père que Jésus puise la force qui lui permet la
guérison des cœurs.
Voilà pour
nous une précieuse indication : si nous voulons être, pour nous-même et pour
les autres, force de « guérison intérieure », il nous faut commencer
par prier. La force spirituelle naît de l’écoute.
« Plus je suis unie au Christ, plus
j’aime mes sœurs »
disait Thérèse de Lisieux.
Notons que
notre prière doit, comme celle de Jésus, commencer « avant l’aube »,
c’est à dire de nuit.
Il ne s’agit
pas de prier uniquement quand il fait jour et bien clair dans nos vies, quand
tout va bien.
Il s’agit
d’oser la prière même lorsque l’obscurité envahit nos existences.
C’est de
nuit que se prépare la Résurrection !
La réponse
apparaît assez clairement dans notre évangile. « La fièvre la quitta et elle les servait » nous dit le
texte. Il y a donc un lien immédiat entre « guérison » et
« service ».
En chassant
la fièvre de la belle mère de Simon, Jésus la réconcilie avec son profond désir
de servir le Seigneur.
Se laisser
guérir par le Christ, ce n’est pas attendre une intervention magique,
spectaculaire, qui empêcherait les leucémies ou les tsunamis.
Se laisser
guérir par le Christ, c’est le laisser nous rejoindre dans nos vies parfois
blessées, parfois plongées dans la nuit.
Le laisser
prendre sur son dos nos propres croix.
Le laisser
soigner notre désir.
Le laisser
nous tendre sa main forte et secourable afin qu’il nous relève.
Et le signe
de notre « guérison » progressive sera notre capacité à servir.
Oui, frères
et sœurs, « guérir, c’est servir » !
Et,
inversement, « servir, c’est guérir » !
Le service n’est
pas, en christianisme, « matière à
option » : croire c’est agir.
La diaconie
est au cœur de la foi, c’est toute l’Église qui se doit d’être diaconale !
Urgence du
service de l’autre, le fragile, le lointain, le blessé, celui qui ne marche pas toujours dans les
clous de notre bonne morale, celui qui doute, celui qui est écrasé par la
crise, le divorce, le chômage, la prison…
Toutes ces
« périphéries » que le pape François nous invite à rejoindre
d’urgence.
« Je préfère, écrit-il, une Église accidentée, blessée et sale
pour être sortie sur les
chemins, plutôt qu'une Église malade de son enfermement. »
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