7.2.15

Servir, c'est guérir; guérir, c'est servir !


Méditation pour le Dimanche 8 février 2015

(5ème Dimanche du Temps Ordinaire - Année B)


Les lectures de ce dimanche  nous parlent beaucoup de guérison. 

Dans notre première lecture, le pauvre Job n’a pas vraiment la forme.
Il a, dirait-on aujourd’hui, un sérieux coup de blues,
il nous fait même une sacrée déprime.
« La vie d’un homme sur cette terre est une corvée »,
« Je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube »,
« Mes yeux ne verront plus le bonheur ».
Aie, aie, aie !  La boîte de  « Prozac » n’est pas loin !

Quant à notre évangile, il sent carrément l’hôpital !
La belle mère de Simon est terrassée par une fièvre de cheval, mal foutue, souffreteuse, KO sous sa couette !
Et dans Capharnaüm, on  ne compte plus les estropiés du corps et de l’âme qui espèrent une consultation gratuite auprès du bon docteur Jésus !

Et il nous est dit que le Christ va, auprès d’un certain nombre de ces personnes, poser un geste de guérison.

Alors, Frères et Sœurs, nous pouvons, ce matin, nous interroger :

Quels liens y a-t-il entre foi et guérison ?

Nous pouvons nous poser au moins 3 questions :

- De quelle guérison s’agit-il ?
- Où Jésus puise-t-il la force de guérir ?
 Quel est le véritable objectif de la guérison ?



 1) De quelle guérison s’agit-il ?

A l’époque, la frontière est, vous le savez, assez floue entre le physique et le mental, entre le corps et l’âme.

Les maladies sont souvent perçues, dans une culture où le religieux imprègne tout, comme les symptômes d’une « maladie » de l’âme, comme les signes d’une rupture du lien avec Dieu.

Face à la maladie, le peuple attend que les hommes de Dieu se fassent thaumaturges, guérisseurs, libérateurs, exorcistes…

Si on demande à Jésus de chasser les esprits mauvais, c’est parce qu’on pense que le malade est un « possédé », autrement dit un être qui ne s’appartient plus, qui est envahi de forces obscures, un être « divisé ». Diabolos, en grec, veut d’ailleurs dire « diviseur ».

A chaque fois, Jésus tente de modifier les mentalités, de sortir ses interlocuteurs de cette vision archaïque de la maladie.

S’il accepte parfois de guérir les corps et les esprits, il se soucie d’abord de guérir les cœurs.

La guérison qu’il propose est d’abord intérieure, spirituelle.

Alors, avec lui, nous pouvons nous interroger :
Qu’est-ce qui en nous a besoin d’être « guéri » pour que nous mettions enfin l’amour au cœur de nos vies ?
De quelles « possessions » (matérielles, psychiques, affectives, sociales) devons-nous nous défaire ?
De quels aveuglements et surdités devons-nous nous libérer pour écouter en nous le désir de Dieu ?

 2) Deuxième question que nous pouvons nous poser : D’où Jésus puise-t-il la force de guérir ?

L’évangile nous dit que « bien avant l’aube, Jésus se leva et alla dans un endroit désert où il priait ».


C’est dans son lien personnel avec son Père que Jésus puise la force qui lui permet la guérison des cœurs.

Voilà pour nous une précieuse indication : si nous voulons être, pour nous-même et pour les autres, force de « guérison intérieure », il nous faut commencer par prier. La force spirituelle naît de l’écoute.

« Plus je suis unie au Christ, plus j’aime mes sœurs » disait Thérèse de Lisieux.

Notons que notre prière doit, comme celle de Jésus, commencer « avant l’aube », c’est à dire de nuit.
Il ne s’agit pas de prier uniquement quand il fait jour et bien clair dans nos vies, quand tout va bien.
Il s’agit d’oser la prière même lorsque l’obscurité envahit nos existences.

C’est de nuit que se prépare la Résurrection !

 3) Troisième question que nous pouvons nous poser : Quel est le véritable objectif de la guérison ?

La réponse apparaît assez clairement dans notre évangile. « La fièvre la quitta et elle les servait » nous dit le texte. Il y a donc un lien immédiat entre « guérison » et « service ».

En chassant la fièvre de la belle mère de Simon, Jésus la réconcilie avec son profond désir de servir le Seigneur.

Se laisser guérir par le Christ, ce n’est pas attendre une intervention magique, spectaculaire, qui empêcherait les leucémies ou les tsunamis.

Se laisser guérir par le Christ, c’est le laisser nous rejoindre dans nos vies parfois blessées, parfois plongées dans la nuit.
Le laisser prendre sur son dos nos propres croix.
Le laisser soigner notre désir.
Le laisser nous tendre sa main forte et secourable afin qu’il nous relève.

Et le signe de notre « guérison » progressive sera notre capacité à servir.

Oui, frères et sœurs, « guérir, c’est servir » !
Et, inversement, « servir, c’est guérir » !

Le service n’est pas, en christianisme, « matière  à option » : croire c’est agir.
La diaconie est au cœur de la foi, c’est toute l’Église qui se doit d’être diaconale !

Urgence du service de l’autre, le fragile, le lointain, le blessé,  celui qui ne marche pas toujours dans les clous de notre bonne morale, celui qui doute, celui qui est écrasé par la crise, le divorce, le chômage, la prison…
Toutes ces « périphéries » que le pape François nous invite à rejoindre d’urgence.

« Je préfère, écrit-il, une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie sur les chemins, plutôt qu'une Église malade de son enfermement. »


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