Et voici qu’enfin la nuit s’illumine !
Voici que l’obscurité cède
le pas à la lumière !
Voici que l’incroyable espérance se
réalise : la souffrance ne gagnera pas, la mort n’aura pas le dernier mot…
Voici qu’un homme surgit du gouffre du
tombeau pour nous tendre la main.
Voici que le propre Fils de Dieu vient nous
relever de nos peurs et de nos nuits.
Voici qu’en se relevant de la mort, le
Christ nous relève par le même mouvement.
Voici que, désormais, dans la nuit, il nous
est possible de croire à la lumière.
Cette nuit est la nuit de la divine
espérance : nous arrivons avec le poids de nos vies. Nous savons que bon
nombre d’entre nous ne sont pas épargnés par le tragique de l’existence.
Chômage, maladie, mort brutale surgissant toujours trop tôt, amours qui ne se
disent plus ou si peu, pardons impossibles, claquemurés dans le ressentiment,
incompréhensions mutuelles en famille, au travail, entre parents et enfants,
solitude…
Nous savons combien la trame de nos vies
–inévitablement – est tissée d’obscurité…
La grande, la bonne nouvelle de cette nuit
pascale, la voici : Dieu n’est pas le spectateur inerte et pervers de nos
propres souffrances.
Par la folie de la croix, voici que son
propre Fils vient nous prêter main forte : son épaule est solide qui vient
porter, supporter nos propres croix.
Par le mystérieux passage du tombeau, le
Dieu hautain et tout-puissant des mauvaises pages de nos vieux catéchismes est
devenu un Dieu proche et aimant.
Un Dieu qui, désormais, partage tout de
notre condition humaine, même l’angoisse de la mort… Le Très Haut se fait Très
Bas pour mieux nous relever de sa main vigoureuse.
Il est temps de refermer la page du Vendredi
saint.
Il est temps de laisser notre cœur
s’embraser au feu de l’Esprit.
Il est temps de nous laver l’âme dans les
eaux du baptême nouveau.
Il est temps de désensabler la source de
notre cœur où Dieu nous attends pour étancher notre soif de vivre et de
bonheur !
Cette source, au plus profond de nous-même,
nous avons fini par l’oublier.
Nous l’avons laisser s’assécher.
Nous n’avions pas le temps, pressés que nous
sommes par nos vies stressées, par nos vies qui courent sans bien toujours
savoir après quoi, après qui !
Cette nuit de Pâques peut-être pour nous
comme une nuit étoilée d’été, une nuit où nous prenons le temps de nous poser,
de nous arrêter de courir. Une nuit d’escale pour prendre le temps de chercher
le cap de notre vie, le sens que nous voulons donner à notre existence.
Une nuit pour prendre, tout simplement, la
décision d’aimer mieux, d’aimer plus et de nous laisser aimer par Celui qui, de
toute éternité, est la source de tout amour…
Belle nuit de veille avant de reprendre la
mer en laissant le vent de l’Esprit gonfler nos voiles…
« Pâques, c’est ce moment précis où le
désir de l’homme et le désir de Dieu se rencontrent et ne font plus
qu’un » dit le Franciscain Eloi Leclerc.
Belle et forte vérité : oui, cette nuit
pascale vient ouvrir dans nos vies le temps du désir, une brèche dans nos
enfermements, nos résignations, nos peurs.
Voici venu le temps de tous les
commencements, cet instant où – quelque soit notre age, notre histoire, nos
blessures, nos limites, que nous soyons ou non en règle avec ce que nous
croyons être les lois de l’Eglise – Dieu vient nous créer, nous re-créer, comme
il créa le ciel et la terre.
Voici venu le temps de l’exode, le temps de
la traversée à pieds sec de toutes les mers déchaînées de notre existence.
Voici, pour nous toutes et nous tous, le
temps de l’éveil.
« Vous tous qui avez soif, venez, voici
de l’eau ! »
Cette nuit pascale et une source où il nous
faut joyeusement puiser les eaux de notre propre résurrection !
Ecoutons l’invitation de Saint Jean
Chrysostome :
« Vous qui avez jeûné et vous qui
n’avaient pas jeûné, réjouissez-vous !
Que
personne ne reste sur sa faim !
Venez
tous puiser aux richesses de la miséricorde !
Que
nul ne déplore ses péchés : le pardon s’est levé du tombeau ! »
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